Les Eumenides

Esprits ou déesses issus du monde souterrain, qui avaient le rôle moral et social de punir les criminels. La signification de leur nom - «!bienveillantes!», «!vénérables!» ou encore «!gracieuses!» - laisse place à plusieurs interprétations. Soit les déesses cruelles de la Vengeance étaient ainsi désignées par antiphrase et par flatterie, soit les Euménides étaient des déesses effectivement bienveillantes qui furent ultérieurement confondues avec les déesses de la Vengeance, appelées Érinyes. Une autre tradition dit que ce sont les Érinyes elles-mêmes qui prirent le nom d'Euménides et changèrent de caractère, après qu'Athéna les eut convaincues de travailler à rétablir la justice sans cruauté gratuite. Quoi qu'il en soit, les noms d'Euménides et d'Érinyes désignaient les mêmes entités divines. Ces déesses malveillantes étaient habituellement dépeintes sous les traits de créatures semblables aux Gorgones, avec des serpents en guise de chevelure et des yeux d'où ruisselait le sang. Leur origine est parfois contestée : Hésiode disait qu'elles étaient nées du sang d'Uranus émasculé, tandis qu'Eschyle les désignait comme filles de la Nuit. Dans sa tragédie intitulée les Euménides, ce dernier, reprenant à son compte la confusion entre les Euménides et les Érinyes, racontait comment les déesses avaient poursuivi impitoyablement Oreste après qu'il eut tué sa mère Clytemnestre pour venger son père, le roi Agamemnon. Les Érinyes harcelèrent Oreste sans trêve jusqu'à Delphes, où il implora et obtint l'aide d'Apollon, puis jusqu'aux portes d'Athènes. Là, le jeune homme en appela à la déesse Athéna, qui présidait le tribunal de l'Aréopage réuni pour le juger. La déesse, considérant qu'il avait suffisamment payé pour son crime, se prononça en faveur de son acquittement. C'est par ce pardon que s'acheva la tragique destinée des Atrides. Certains disent que c'est à la suite de ce procès que les Érinyes acceptèrent de jouer un rôle différent, celui de gardiennes de la justice, et qu'elles prirent le nom d'Euménides. Leur culte était surtout célébré à Athènes. Elles reçurent individuellement les noms de Alecto, Tisiphone et Mégère.